Histoire

BoishebertHistoire de l’île Beaubears et de Wilson’s Point

Au cours de plusieurs milliers d’années et plusieurs cultures, l’île monta la garde et marqua l’histoire de belles et de mauvaises façons. Pendant des centaines d’années, la rivière Miramichi, divisée en deux bras, servit de lieu de rencontre pour les Micmacs afin de favoriser le troc et raconter des histoires de chasse. Les autochtones qui connaissaient bien l’île l’appelaient Quoomeneegook (l’île des Pins).

La Miramichi fut visitée pour la première fois par un explorateur français célèbre, Jacques Cartier, qui appelait cette rivière Missamichi. En 1672, Nicholas Denys (gouverneur de la majeure partie de l’Acadie) devint le premier pionnier acadien dans la colonie française du Nouveau-Brunswick, anciennement connue sous le nom d’Acadie. Il donna à son fils, Richard, un poste de traite, qui fut installé ici à Miramichi.

Après la mort de Richard en 1691, les activités françaises à Miramichi et aux alentours de celle-ci ont beaucoup diminuées. Cependant, en 1755, les tensions entre les empires français et britanniques entraînèrent la Guerre de sept ans. Le peuple acadien était pris entre les royaumes en état de guerre et se sentait incapable de faire confiance ni aux Français ni aux Britanniques. Il souhaitait alors demeurer neutre. Le gouvernement britannique de la Nouvelle-Écosse chercha à forcer le peuple acadien à porter allégeance au Roi George II. Devant le refus du peuple acadien, les Britanniques assiégèrent le fort Beauséjour. Lorsque le fort tomba, l’ordre d’expulsion fut lue à haute voix et les bateaux commencèrent à déporter les communautés acadiennes, sans se soucier des familles ni de leurs proches. Le Marquis Charles des Champs de Boishébert (au nom duquel l’île est nommée) mena des milliers d’Acadiens à l’île Beaubears et dans les régions environnantes. Plusieurs d’entre eux mourûrent de faim et de maladies alors qu’ils attendaient d’être sauvés. En 1760, la colonie entière fut recouverte de cendres, sous les ordres du commodore anglais John Byron.

Heureusement, de nombreux noms acadiens sont encore présents dans la Miramichi, par exemple les familles Savoie, Martin, Breau et Robichaud, pour n’en nommer que quelques-uns.

Fraser1826L'histoire de la construction navale

Pendant un siècle, les chantiers navals de l’île Beaubears fourmillèrent de constructeurs de navires, de charpentiers irlandais et écossais, ainsi que de propriétaires de magasins et de maisons. Les premiers se nommaient William Davidson et John Cort, qui arrivèrent de l'Écosse en 1765 afin d’établir une entreprise de pêche et de mâts de navires pour la Marine royale britannique. En 1773, William Davidson construisit le premier navire dans la région, le schooner pesait 300 tonnes et s’appelait « Miramichi ».

Après la mort de M. Davidson en 1790, son collègue et ami, Scot James Fraser, fit l’acquisition des secteurs de pêche, de construction navale et de bois d’œuvre de l’entreprise. Celle-ci devint le plus grand établissement d’entreprise au Nouveau-Brunswick. Lorsque M. Fraser est décédé en 1822, son cousin, John, assuma la direction de l’entreprise jusqu’en 1837. Après 47 ans comme entreprise familiale, elle fut mise en vente.

Joseph Russell, propriétaire de l’île de 1837 à 1850, était également un constructeur de navires prolifique qui construisait jusqu’à cinq gros navires à la fois. Il construisit 26 navires au total sur l’île. Un homme profondément religieux, il devint mormon et quitta sa chère île en 1850. Bien qu’il soit déménagé à Salt Lake City, l’île lui tenait à cœur. Il enterra 7 de ses enfants dans la tombe Russell, que vous visiterez durant votre visite guidée. (La plupart des gens la perçoit comme étant une prison en raison des barreaux sur la fenêtre.)

En 1850, l'île devint la propriété de George Burchill et John Harley, maître constructeur de renommé.

Peter Mitchell, l’un des plus célèbres « Pères de la confederation » et le premier ministre de la Marine et des Pêcheries, a également été propriétaire de l’île de 1871 à 1893. Il est intéressant de noter qu'en raison de son portfolio, M. Mitchell joua un rôle essentiel dans l’obtention du chemin de fer principal à Miramichi. Sanford Flemming conçut le pont ferroviaire qui passe par l’extrémité ouest de l’île.

En 1893, Hubert Sinclair de Sinclair's Mill (voir la carte postale des archives dans la boutique de cadeaux virtuelle) acheta l’île de M. Mitchell.

L’île passa dans les mains de plusieurs propriétaires sur une période de 30 ans, jusqu'à ce qu'elle tombe dans les mains de J. Leonard O'Brien, de Nelson, en 1920. M. O'Brien était un politicien assez connu. Il était président de l’Assemblée législative provinciale de 1925 à 1930 et lieutenant-gouverneur de 1958 à 1965. M. O'Brien était propriétaire de l’île pendant environ 53 ans et il agissait comme gardien, permettant seulement à quelques amis de visiter l’île. Après sa mort en 1973, l’île fut léguée à Parcs Canada et ouvra en 1979 comme lieu historique national.

On estime que l’île Beaubears est le seul chantier de construction navale qui est demeuré inchangé au Canada. Les restants de reculs, de quais et de fondations sont très visibles puisque personne n’a habité l’île depuis plus de cent ans.

Les visiteurs pourront observer de très vieux pins, des lilas, des pruniers et de la faune qui sont tous spectaculaires. De plus, on aperçoit régulièrement des orignaux, des chevreuils, des renards et deux pygargues à tête blanche.